10 points clés sur l’absence de vision et l’inefficacité des outils européens face à la crise des migrants

Antoine Desjonquères, chercheur associé à l’Institut Thomas More

10 novembre 2015 • Points clés 10 •


Les 11 et 12 novembre, le sommet de la Valette (Malte) réunira des représentants de l’Union Européenne et du continent africain autour de la question des migrations. A la suite du processus de Khartoum de novembre 2014, l’UE réaffirme que « le problème des migrations ne concerne pas uniquement l’Europe » et souhaite renforcer la coopération avec les pays d’origine et de transit. Une approche bienvenue, sans doute, alors que la réponse européenne à la crise des migrants s’est jusqu’ici limitée à un ensemble de mesures de court terme et trop souvent prises à contretemps. Sera-t-elle pour autant à la hauteur du défi qui vient ?


La perte de repères de l’Europe face à la crise des migrants se pose comme une déplorable conséquence de ce « déclin du courage » de l’Occident que Soljenitsyne dénonçait déjà en 1978 avec ses corollaires : soumission aux modes, myopie des dirigeants, irrésolution, etc. Une quarantaine d’année à ce régime nous ont laissés totalement désarmés, tant au niveau des idées que des outils, face aux nouveaux phénomènes migratoires. Pour l’avoir trop longtemps éludée, nous nous trouvons incapables de répondre à la question fondamentale que l’exode en marche nous pose de manière brutale, à l’heure du chômage de masse et d’une profonde crise d’identité de l’Occident : à quelles échelles peut-on ou doit-on penser le bien commun ?

Jusqu’à maintenant, nos dirigeants ont choisi de ne pas choisir. Ce n’est pourtant plus une option aujourd’hui, comme nous le rappellent chaque jour les milliers de personnes qui se pressent aux portes de l’Union européenne (UE), dans le spectaculaire théâtre méditerranéen comme aux confins des Balkans. Le réel qu’ils incarnent, souvent douloureusement, nous somme de faire face à un double enjeu. Celui de la gestion de crise, pour affronter, le moins mal possible, l’urgence d’une situation qui fait chaque jour de nouvelles victimes. Et un enjeu de fond qui ne saurait aujourd’hui se poser efficacement qu’à l’échelle européenne : celui de proposer une vision globale, claire, et cohérente quant à la gestion des flux migratoires issus des pays du sud. Il va sans dire que l’un ne se fera pas sans l’autre.