Taïwan sort de l’ombre chinoise

Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Causeur-transparent

Février 2016 • Opinion •


Pékin et la communauté internationale ne cessent de rabâcher que la réunification de la Chine est inéluctable. Mais avec l’élection de Tsai Ing-wen, Taïwan regarde au loin, vers le Japon ou les Etats-Unis.


Tsai Ing-wen, 59 ans, présidente du parti démocrate progressiste taïwanais (le PDP), a été élue samedi 16 janvier avec plus de 56 % des voix à la présidence de la République de Chine, et son parti a obtenu pour la première fois une majorité absolue au Parlement. Une femme célibataire, sans enfants de surcroît, à la tête d’un pays de culture chinoise, c’est assez pour faire pousser des cris de joie à la presse internationale, heureuse de constater que le progrès progresse jusque dans ce coin d’Asie, même si elle oublie de rappeler que le modèle avoué de ce petit bout de femme est Margaret Thatcher. Un des slogans de campagne du parti confirme cependant l’observateur dans ses préjugés progressistes : « Light up Taïwan ». Et les animateurs des meetings politiques de demander aux militants d’activer la fonction lampe de poche de leurs portables et d’osciller ensuite de droite à gauche comme dans un concert, histoire de très littéralement faire passer le pays de l’ombre à la lumière. C’est très joli, et la foule aime à se voir si belle dans les miroirs des écrans géants, ces selfies de masse.

En face, le vieux Kuomintang, réfugié sur l’île en 1949 après avoir perdu la guerre civile sur le continent face aux communistes, n’avait cette fois-ci aucune chance […].