Le gaz de schiste américain et la sécurité énergétique de l’Europe

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Juin 2016 • Point Clés 15 •


Alors que l’Europe demeure dépendante du gaz russe, Ségolène Royal, ministre français de l’Environnement prétend interdire l’importation de gaz de schiste américain. Pourtant, ces importations auront un effet positif sur la diversification des approvisionnements en gaz de l’Europe et contribueront à sa sécurité énergétique. Explications…


Sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012), les autorités françaises ont interdit l’exploitation du gaz de schiste et banni toute recherche sur une source d’énergie qui, déjà, bouleversait le marché mondial des hydrocarbures. D’aucuns y ont vu une grave erreur économique, non sans raison, mais il est vrai aussi que la France ne dispose pas des facilités qui sont celles d’États-continents comme les États-Unis ou le Canada. Une récente déclaration de Ségolène Royal s’avère plus inquiétante. Le ministre de l’Environnement prétend interdire l’importation de gaz de schiste depuis les États-Unis.

D’un point de vue stratégique et géopolitique, la décision serait funeste. L’Europe dans son ensemble est excessivement dépendante des importations de gaz russe, et la baisse du prix des hydrocarbures au cours des deux dernières années n’a pas modifié les données fondamentales de la situation. Aussi le renouveau pétrolier et gazier des États-Unis constitue-t-il une opportunité stratégique et géopolitique. Soutenues par la « révolution du gaz de schiste », les exportations américaines de GNL (gaz naturel liquéfié) et la mondialisation des flux gaziers contribueront à la sécurité énergétique de l’Europe. La perspective d’une route Nord Atlantique du gaz nous rappelle aussi que la grandeur, la puissance et la prospérité de l’Europe reposent de longue date sur l’ouverture au « grand large ».