Une solution pour les dettes publiques européennes

Sébastien Laye, chercheur associé à l’Institut Thomas More

L'Expansion 2-transparent

Juillet-Août 2016 • Opinion •


« A long-terme, nous serons tous morts », avait l’habitude de dire JM Keynes. A long-terme, il est évident que nous souhaiterions tous un vrai aggiornamento institutionnel de la construction européenne, avec plus de convergence fiscale et budgétaire : mais force est de constater que les opinions publiques y seraient rétives dans le contexte actuel. Plutôt que d’attendre cette hypothétique reconquête du projet européen, osons avancer sur un autre sujet, celui de l’endettement public (97% du PIB en France et 133% en Italie par exemple). Comment ?

En créant un fonds abondé par les Etats capables d’acheter et d’éliminer les dettes souveraines en un effort sans précèdent pour sortir le continent de l’ornière. Ce fonds pourrait être abondé par des recettes fiscales ad hoc dans chaque pays représentant 0.5% du PIB par an (dans le cas de la France, cela représente 10 milliards d’euros, qui pourrait par exemple être financé par une taxe carbone et/ou une partie de la TVA). Au lieu d’attendre sagement de recevoir ces engagements fiscaux de la part des Etats au cours des prochaines décennies, le fonds pourrait titriser ces droits futurs sur les marchés financiers ; nous estimons ainsi qu’il disposerait des 2018-2020 d’une force de frappe de 3000 milliards d’euros. Ces sommes seraient ensuite utilisées pour réduire massivement le stock de dettes souveraines, le faisant passer par exemple dans le cas de la France de 97% à 68% du PIB.

Cet important effort confèrerait une grande crédibilité à la zone euro et, surtout, permettrait aux générations futures de ne pas souffrir de nos erreurs, sans remettre en cause le fonctionnement normal des marchés financiers.