Juin 2021 • Rapport 23 •
Le lundi 21 juin, le Service national universel (SNU), promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, démarre pour 17 500 jeunes volontaires. Projet trop léger au regard de risque de désocialisation d’une partie croissance de la jeunesse, et de séparatisme d’une minorité croissante, mal défini dans ses objectifs, superficiel dans ses contenus et piloté par l’État et seulement l’État, le SNU constitue une fausse piste décevante et coûteuse.
C’est pourquoi l’Institut Thomas More a conçu le « Parcours France en commun » dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022.
Favorisant la responsabilité et l’autonomie des jeunes, grâce à un accompagnement dense et exigeant, agissant en profondeur grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs qui environnent chaque jeune (famille, école, commune, associations, etc.) et faisant le choix de la longue durée, pendant plusieurs années de l’entrée au collège jusqu’à sa majorité, le « Parcours France en commun » se fixe comme objectif de donner un nouveau souffle à l’engagement de la jeunesse au service de la cohésion de la France.
La jeunesse française, entre oubli et tentation de la rupture
Ce rapport part d’un constat sans appel, que la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver : la jeunesse française se porte mal. Vulnérabilité économique (chômage important, taux de pauvreté élevé), état de santé préoccupant (précarité alimentaire, dépression, isolement), risque élevé de désocialisation : les voyants, au rouge depuis de nombreuses années, font apparaître un fossé qui se creuse de plus en plus entre la jeune génération et le reste de la société, jusqu’à craindre chez certains la remise en cause du sentiment d’appartenance à une communauté de destin. Une situation que l’école ne parvient plus à endiguer, aux prises avec la baisse constante du niveau des élèves et la montée alarmante de la violence en milieu scolaire. Au point de redouter à court terme une rupture pérenne aux conséquences sociales sans précédent…
La fausse piste du Service national universel (SNU)
L’heure n’est plus aux discours. Il est urgent d’apporter une réponse à la hauteur de l’enjeu. Or, en centrant son action autour du Service national universel (SNU), l’État manque sa cible. Le SNU apparaît comme un projet bien trop léger, mal défini dans ses objectifs, superficiel dans ses modes d’action et qui ne se donne pas les moyens de ses ambitions. Le tout piloté par l’État et seulement l’État. Cette vision centralisatrice de l’action publique passe à côté du monde associatif dans ce qui fait sa richesse et sa diversité. Par là même, elle ignore des solutions et des leviers qui préexistent dans notre société. Pour les faire émerger, il est nécessaire de redonner liberté et pouvoir d’action aux acteurs de terrain.
Autonomie, acteurs de terrain, longue durée : la solution du Parcours France en commun
Pour ce faire, nous proposons de puiser dans les ressources qui existent au cœur même de la société française et de s’appuyer sur le puissant désir d’engagement qui prévaut et subsiste chez les jeunes. Le but est de refonder le lien social et d’intégrer pleinement la jeunesse dans une société où elle a perdu ses repères. Tel est l’objet de l’outil que nous proposons : le Parcours « France en commun ».
Matérialisé par un livret personnel remis à chaque élève de sixième au cours d’une cérémonie et qui suivra le jeune jusqu’à son dix-huitième anniversaire, le Parcours « France en commun » balisera son apprentissage civique tout au long de ces années et se déclinera en sept modules : cours massifs d’enseignement moral et civique, participation aux réunions et « Rencontres de la citoyenneté » associant activement les parents, passage du brevet de secourisme (PSC1) et quatre temps d’engagement associatif dans les domaines suivants : environnement, culture et patrimoine, solidarité, sport.
L’objectif du Parcours « France en commun » est triple
Favoriser la responsabilité et l’autonomie des jeunes, grâce à un accompagnement dense et exigeant
Agir en profondeur grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs qui environnent chaque jeune (famille, école, commune, associations, etc.)
Agir sur la longue durée, pendant plusieurs années (et pas seulement un mois), de l’entrée au collège jusqu’à sa majorité
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L’auteur du rapport
Marlène Giol est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Titulaire d’un master en Science politique (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et d’un master Études européennes (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle). Au sein de l’Institut Thomas More, elle suit les évolutions structurantes de la vie politique française. Au croisement de la sociologie et de la science politique, son travail porte également sur les enjeux socio-politiques contemporains. Jeunesse, société civile, nouvelles solidarités : la société française connaît de nombreuses mutations qui transforment, et fragilisent parfois, les relations sociales et les relations des citoyens à la nation. Il est urgent d’analyser ces transformations pour contribuer au renforcement d’une société libre • |