Faut-il accueillir plus d’étrangers ?

Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut Thomas More

23 janvier 2023 • Opinion •


Le Drenche est un journal de débat qui propose aux citoyens de se faire une opinion et de voter sur des sujets d’actualité. Pour y aider, la rédaction pose une question simple à deux experts qui proposent des réponses divergentes, ou opposées, mais toujours argumentées. A la question « Faut-il accueillir plus d’étrangers ? », Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut Thomas More et auteur du rapport « Immigration : propositions pour une politique intégrale », répond non et explique pourquoi.


Plutôt que « faut-il », qui laisse entendre qu’il y aurait un impératif à le faire (mais de quel ordre : moral ? politique ? économique ?), la bonne question est « peut-on » accueillir plus d’étrangers en France ? La réponse est non. Explications.

Tout d’abord, les flux (légaux et illégaux) sont déjà considérables. Connaissant une puissante vague migratoire depuis le début des années 2000, la France a délivré en moyenne 255 000 titres de séjour légaux par an entre 2017 et 2021. Cela représente, le temps du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, 1,28 million de personnes nouvelles, ce qui représente 1,9% de la population française totale. Quant à l’immigration illégale, elle est évalué entre 600 000 et 900 000 étrangers en situation irrégulière. Ces chiffres considérables ont des conséquences profondes pour notre pays.

Le premier ordre de conséquences s’observe sur les capacités d’accueil qui sont tous sous tension et au bord de la rupture : le logement (53% des adultes sans domicile sont de nationalités étrangères selon l’INSEE), l’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile (structurellement incapable d’accueillir un nombre annuel de demandeurs), la pauvreté (le taux de pauvreté des immigrés est de 30,7% contre 13,2% pour la population non-immigrée selon l’INSEE) et l’emploi (le taux de chômage des étrangers, de 15,7%, est deux fois plus élevé que celui des Français, à 7,4%).

Mais d’autres conséquences sont encore plus essentielles que ces instantanés économiques et sociaux. Ce sont celles liées à l’intégration. On ne peut en effet penser l’immigration sans penser l’intégration, comme le font beaucoup de spécialistes. On ne peut souhaiter maintenir un niveau élevé d’entrées sur le territoire sans évaluer la capacité d’intégration, à la fois de la société d’accueil et du candidat à l’installation, comme l’analyse finement l’économiste britannique Paul Collier dans son livre Exodus. Or, force est de constater que l’intégration fonctionne mal, et de plus en plus mal.

Le fait qu’une majorité des jeunes immigrés ou issus de l’immigration s’intègre, ne signifie pas que l’intégration fonctionne bien. On voit apparaître une ou plutôt des contre-sociétés qui partagent de moins en moins de choses avec la société française. Une partie de la jeunesse issue de l’immigration, minoritaire mais pas négligeable pour autant, manifeste de manière de plus en plus radicale son désir de séparation d’avec le reste de la société.

On en voit à l’école. On ne compte plus les témoignages d’enseignants ne pouvant plus faire cours d’histoire et de français mais aussi de biologie ou de sport. Les refus des contenus de l’enseignement, pour cause religieuse principalement, explosent. Tout comme la violence scolaire. Les heurts qui ont eu lieu au mois d’octobre dernier au lycée Joliot-Curie de Nanterre, sur fond d’entrisme islamiste, illustrent cet état de fait. Autre aspect : le rapport à la loi. Selon un sondage de 2020, 57% des jeunes Français musulmans considèrent que la charia est plus importante que la République. Dernier symptôme, plus tragique encore :  la question du terrorisme. Nous savons 62% des auteurs d’actes terroristes commis contre notre pays depuis 2012 sont Français. Ce chiffre est tout simplement terrifiant. Le fait que de jeunes Français se soient livrés à de tels actes hostiles à la France signe un échec majuscule de notre politique d’intégration. On ne peut pas faire comme si cette réalité tragique n’existait pas.

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