La politique électrique européenne, lourde de conséquences délétères

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, président du pôle Energie, Climat, Environnement de l’Institut Thomas More

7 mars 2023 • Analyse •


La politique de suppression totale, d’ici à 2050, des émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines ainsi que la crise énergétique résultant de la guerre en Ukraine ont conduit l’Union européenne à développer un modèle radical qui est de nature à la fragiliser et à la rendre moins compétitive sur le marché international. Analyse publiée dans le numéro « Géopolitique des énergies » des Grands Dossiers de Diplomatie, N° 72, février-mars 2023.


Rappelons, pour commencer, quelques décisions prises par l’Union européenne (UE) affectant, dans le cadre de sa politique zéro carbone, son système électrique : en 2050, la production d’électricité devra être totalement renouvelable ; à cette date, toutes les centrales thermiques (brûlant du charbon, du lignite ou du gaz) devront être arrêtées ; en 2030, les émissions de gaz à effet de serre (GES) devront être réduites de 55% par rapport à 1990 et la production électrique devra être renouvelable (principalement éolienne et solaire) à hauteur de 40 % (contre 45 % souhaités par le Parlement européen).

Plus récemment, l’UE a inclus dans sa taxinomie la génération électrique à partir de combustible nucléaire. Mais le nucléaire divise l’Union, entre les États membres qui n’ont jamais rejeté le nucléaire – comme la France, la plupart des pays de l’Est européen, les Pays-Bas ainsi que la Finlande – et ceux qui ont renoncé totalement au nucléaire – comme l’Allemagne (puis­sance au niveau mondial, affaiblie par sa politique bas carbone intransigeante), l’Espagne (d’ici à 2035) ou la Belgique (partielle­ ment}. Cette fragmentation de l’UE est d’autant plus regrettable que les superpuissances (États-Unis et Chine}ainsi que des puis­sances qui comptent (telles que l’Inde et le Japon) investissent massivement dans ce type de génération d’électricité. Cela leur permet de mieux assurer la sécurité et la maîtrise de leur appro­ visionnement électrique, ce qui accroît leur compétitivité.

En 2021, l’électricité renouvelable (hydraulique, éolienne, solaire et à partir de biomasse) représentait environ 38 % de la pro­duction totale d’électricité de l’UE, le nucléaire 26 % et le ther­mique (gaz, lignite et charbon) 33%, le reste provenant d’autres sources. La part d’électricité thermique reste donc importante. La production d’électricité ne sera pas abordée ci-après, du fait qu’elle n’est pas contestée. Elle est, en effet, continue, n’émet pas de GES et a une très longue durée de vie. L’analyse qui suit portera donc sur le nucléaire, les renouvelables intermittents et non intermittents ainsi que le thermique, devenu encore plus incontournable du fait des politiques énergétiques qui veulent l’éliminer.

Accédez à la suite de l’article sur le site de Diplomatie