Les limites stratégiques et géopolitiques du partenariat entre New Delhi et Moscou

Jean-Sylvestre Mongrenier, directeur de recherche à l’Institut Thomas More

29 avril 2023 • Analyse •


L’Inde est passée de la neutralité au « multi-alignement ». Elle ne condamne pas l’agression russe en Ukraine et rejette les sanctions internationales. Au contraire, elle achète en masse hydrocarbures et engrais russes. Pour se justifier, les dirigeants indiens se réfèrent à Kautilya, auteur de l’Arthashâstra, une forme indigène antique de Realpolitik, tout en donnant des leçons de morale à l’Occident. Ainsi le « Sud global » réinvente-t-il le monde ! Pourtant, le partenariat russo-indien pose question. Analyse pour le site Desk Russie.


En Asie du Sud et dans l’océan Indien, la Russie a pour partenaire stratégique l’Union indienne. Tissés à l’époque soviétique, sous Indira Gandhi, ces liens furent renouvelés à la fin des années 1990, lorsque Evgueni Primakov, ministre des Affaires étrangères, puis premier ministre d’Eltsine, montait des « coalitions anti-hégémoniques ». L’enjeu, voulait-on croire, était de rééquilibrer les relations avec les États-Unis et l’Occident, afin de modifier les termes de l’échange. En vérité, Moscou travaillait déjà à la reconstitution d’une force d’opposition.

Un partenariat noué lors de la Guerre froide

L’étroitesse des rapports entre Moscou et New Delhi se traduit par des accords de coopération énergétique, un partenariat militaro-industriel — la moitié de l’équipement militaire indien est d’origine russo-soviétique (1) —, et des exercices navals réguliers (exercices « Indra »). L’an dernier encore, la marine indienne participait aux exercices « Vostok 2022 ». D’autres exercices sont conduits dans le cadre multilatéral de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï).

La Russie, dont le rôle fut essentiel dans la promotion du format des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud), soutint également l’entrée de l’Inde dans l’OCS. Ce fut fait en 2017, en même temps que l’intégration du Pakistan, allié historique de la Chine populaire. Pour Narendra Modi et les nationalistes hindous du BJP (Bharatiya Jana Sangh) (2), l’adhésion à l’OCS s’inscrit dans la « Neighbourhood policy » ; en quelque sorte, une politique de « zéro problème » avec ses voisins.

Avant la guerre d’Ukraine, la Russie n’avait pourtant guère la volonté et les moyens d’accompagner la montée en puissance de l’Inde. L’aire de pertinence de sa grande stratégie était et demeure l’Eurasie post-soviétique, considérée comme un « étranger proche » (3). La présence navale russe dans l’océan Indien restait limitée, sans équivalent avec celle des États-Unis et de leurs principaux alliés. Dans les années 2000, la « guerre contre le terrorisme » conduisit même au déploiement d’armadas occidentales dans l’océan Indien, plate-forme de projection de puissance vers l’Afghanistan (opération « Enduring Freedom »).

Conscients des nouveaux équilibres en gestation dans ce que l’on n’appelait pas encore la zone Indo-Pacifique, les capitales occidentales s’employaient à instaurer d’autres rapports avec l’Inde (4). En 2006, Washington et New Delhi passaient un accord de coopération dans le domaine du nucléaire civil. Paris œuvrait à l’exportation de ses avions de guerre et de ses technologies navales. En conséquence, le quasi-monopole soviétique sur les ventes d’armes à l’Inde prenait progressivement fin. Plus largement, Bruxelles entamait la négociation d’un traité de libre-échange avec New Delhi. Israël, l’Australie, le Japon sont aussi parties prenantes du processus. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni négocie pour son propre compte.

Ces perspectives outrepassent ce que la Russie serait en mesure d’offrir à l’Inde. D’autant plus que Moscou privilégie ses liens avec la Chine populaire, sans pouvoir bénéficier d’un contrepoids diplomatique sur le grand théâtre asiatique (Moscou cherche à préserver un « pré carré » vietnamien). Or l’hostilité entre Pékin et New Delhi prime, et ce en raison d’importants conflits territoriaux et de l’étroite alliance de revers que la Chine populaire et le Pakistan ont tissée.

Avant que les pays d’Asie de l’Est et leurs alliés occidentaux ne soient confrontés aux revendications territoriales et maritimes de Pékin, dans les « méditerranées asiatiques » (mers de Chine du Sud et de l’Est), l’Inde dut précocement faire face aux ambitions chinoises. Si dans les quatre guerres qui l’opposèrent au Pakistan (1947, 1965, 1971, 1999) elle l’emporta, son armée fut battue lors de la guerre sino-indienne de 1962. Compromise dès l’entrée des troupes de l’APL (Armée populaire de libération) au Tibet en 1950, la politique tiers-mondiste de Nehru, qui passait par une entente avec la Chine populaire, révéla sa vacuité. Pékin argua même de l’aide américaine à l’Inde pour lui ravir le rôle auquel elle prétendait dans le tiers-monde, une prétention explicite depuis la conférence de Bandung (18-24 avril 1955).

Le primat de la menace chinoise

En 1962, les troupes chinoises traversèrent donc la ligne McMahon (5) pour prendre position sur le piémont himalayen, en surplomb du Brahmapoutre. Certes, la boucle du Brahmapoutre et la région de l’Assam furent ensuite évacuées, mais la Chine agit autrement sur les confins occidentaux des frontières indo-chinoises, où l’Aksai Chin, un morceau du Cachemire, fut annexé (l’Aksai Chin correspond à une partie du plateau du Ladakh). Depuis, New Delhi demande la restitution de ce territoire. En retour, Pékin conteste la légitime appartenance de l’Arunachal Pradesh à la fédération indienne.

À l’été 2017, la Chine et l’Inde se sont de nouveau opposées au sujet du plateau de Doklam, à l’ouest du Bhoutan, que Pékin a décidé de militariser (6). En 2020 et 2021, des incidents eurent lieu au Sikkim, petit État de l’Union indienne qui avoisine le Tibet (Chine populaire) et le Népal, ainsi que sur le plateau du Ladakh, dans l’extrême nord de l’Inde, aux confins du Tibet. L’armée chinoise y remet en cause le tracé de la Line of Actual Control. Après des affrontements qui firent probablement plusieurs dizaines de morts de part et d’autre, elle pousse son avantage. Environ 1500 km² sont passés sous le contrôle de l’armée chinoise (7).

Parallèlement, Pékin n’a cessé de renforcer son alliance avec le Pakistan. Elle lui a permis d’accéder à l’arme nucléaire et soutient sa position dans la question du Cachemire. Lancé en 2013, le vaste programme des « Nouvelles routes de la soie » vient par ailleurs donner une impulsion majeure à la stratégie du « collier de perles » dans l’océan Indien (8), au point de contester le rôle de New Delhi dans l’« Indian Lake » (l’ancien « British Lake »).

Le même projet inclut l’ouverture d’un corridor logistique à travers le Pakistan, jusqu’au port de Gwadar (financé par Pékin), et prend l’allure d’une stratégie d’encerclement de l’Inde. À cela, il faut ajouter l’absence de condamnation chinoise, ferme et explicite, du terrorisme de mouvements islamistes soutenus à différents degrés par l’« État profond » pakistanais, au nom de la lutte pour le rattachement de la partie du Cachemire qui échappe à Islamabad.

En somme, l’Inde est attaquée sur ses frontières himalayennes (3 500 km), tandis que ses ambitions navales et maritimes dans l’océan Indien sont contrebattues par la Chine populaire. Cela conduit New Delhi, en bonne intelligence avec Tokyo, à promouvoir le concept d’Indo-Pacifique. Instauré en 2007, le « Quad Indo-Pacifique » en est le prolongement stratégique. Après une éclipse, il connaît depuis quelques années une nouvelle vigueur (9). New Delhi et Tokyo animent le programme des « routes de la liberté » ; Washington et Bruxelles affirment leur vision des voies et infrastructures entre Orient et Occident (10).

L’Inde contestée en Asie du Sud

Sans qu’il s’agisse d’une alliance en bonne et due forme, le Quad, ce regroupement entre les États-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde vise à contrebalancer la Chine populaire. Il est ouvert à d’autres puissances de la région, notamment celles de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est), ce qui donne le « Quad + ». Occasionnellement, la France ne dédaigne pas rejoindre les exercices militaires menés dans ce cadre. Les exigences de l’unité occidentale et la volonté de la France de se poser en puissance responsable dans la zone Indo-Pacifique devraient la conduire à intégrer ce « Quad + ». Il est vrai que cela requiert plus de clarté à l’égard de Taïwan (11).

Le Quad, le jeu de relations bilatérales entre l’Inde et les puissances occidentales, ainsi que les coopérations militaro-industrielles établies avec les mêmes dans l’après-Guerre froide ouvrent donc à New Delhi d’autres perspectives que celles proposées par la « Russie-Eurasie », obsédée par l’espace post-soviétique et l’Arctique. D’autant plus que l’échec de ses troupes sur le théâtre ukrainien expose au vu et su de tous les limites de l’art militaire russe, du matériel « combat proven » (en Syrie) et du « stratège génial » qui sévit au Kremlin. Ne serait-ce que pour des raisons économiques et industrielles, il sera de toute façon difficile pour Moscou de maintenir ses positions sur le marché des armements (12).

Aussi et surtout, la guerre d’Ukraine va dans le sens d’un resserrement des liens entre la Russie et la Chine populaire, au point que bien des commentateurs consentent enfin à parler d’une alliance sino-russe (13). Vue de Moscou, l’Inde peut rendre des services diplomatiques et économiques, mais elle ne pèse pas lourd sur le plan de la grande stratégie et de la géopolitique mondiale. Face à l’« Occident collectif », Russes et Chinois sont animés par une hostilité partagée et la conviction que l’avenir leur appartient. Ils s’inscrivent dans la logique d’une grande confrontation hégémonique.

En vérité, les dirigeants indiens devraient appréhender la formation sur ses frontières septentrionales d’une vaste Eurasie sino-russe qui prétendrait parler et agir au nom de toute l’Asie et du « Sud global ». D’autant que Pékin use de l’OCS, qu’il supervise avec Moscou, pour réduire sa marge de manœuvre diplomatique sur la scène internationale. Le forum des BRICS, dont les mêmes assurent le contrôle idéologique, ne lui ouvre pas plus d’espace (14).

Enfin, Pékin dispose d’alliés au sein même de la SAARC (Association sud-asiatique pour la coopération régionale) et de la BIMSTEC (l’Initiative de la baie du Bengale), pourtant centrées sur l’Asie du Sud et du Sud-Est (15). Significativement, aucun pays du sous-continent indien et de la périphérie n’a d’ailleurs condamné les agissements chinois sur le plateau du Ladakh. Il n’y aura donc pas de bloc sud-asiatique, conduit par New Delhi, capable et désireux de contrebalancer la Chine populaire. C’est à l’Occident et ses alliés d’Asie-Pacifique (voir l’AUKUS) que l’Inde trouvera des partenaires, voire des alliés, décidés à contrer Pékin.

En guise de conclusion

Encore faudrait-il que le nationalisme hindou prenne une certaine distance avec le « sublime mensonge » de l’autochtonie (au point de nier le fait indo-européen), qu’il privilégie une lecture maritime et mondiale de l’histoire longue du sous-continent indien. Carrefour régional d’un système afro-eurasien d’échanges, l’Inde médiévale et moderne s’intercalait entre l’Afrique orientale, le monde islamique, la Haute-Asie et l’Extrême-Orient. C’est en se tournant vers le grand large, plus précisément vers les puissances maritimes d’Occident et d’Asie-Pacifique, qu’elle pourra faire face à l’étreinte chinoise, en Eurasie comme dans l’Indo-Pacifique. La « Russie-Eurasie » de Poutine ne sera jamais qu’un fournisseur incertain.

Que les diplomates et les stratégistes indiens sachent qu’invoquer un antique recueil de stratagèmes (l’Arthashâstra), ou exploiter des effets d’aubaine sur les marchés mondiaux (pétroles, engrais et grains), ne saurait tenir lieu de haute politique. Quant aux puissances occidentales, il leur faudra « travailler » l’Inde au corps, exploiter la situation afin de la détacher de Moscou. Sans pour autant viser le basculement pur et simple de cet « État-Civilisation » vers l’Occident, car l’Inde est trop massive et autocentrée pour que ses dirigeants opèrent un choix aussi drastique. Bref, il s’agit de pratiquer l’art de la diplomatie, un exercice qui combine persuasion, coopération et coercition. Un exercice de classicisme.

Notes •

(1) C’était environ 80 % jusqu’en 2014. Les premières sanctions internationales prises après le rattachement manu militari de la Crimée et le départ d’une guerre hybride au Donbass, aussi limitées furent-elles, ont aujourd’hui encore des effets sur l’industrie d’armement russe.

(2) Narendra Modi et le BJP obtinrent en 2014 une majorité de députés à la chambre basse. Le nationalisme hindou du premier ministre Modi marque une inflexion avec la politique d’ouverture économique, amorcée dans les années 1990. De fait, nationalisme rime avec protectionnisme. Néanmoins, l’objectif de transformer l’Inde en nouvelle usine du monde et de faire de son économie la troisième au monde induit des négociations commerciales internationales.

(3) Rappelons que ladite doctrine date de 1992. Elle est donc antérieure au premier élargissement de l’OTAN, décidé en 1997 et réalisé deux ans plus tard. De même, le traité de Tachkent (1992), sur lequel est fondé l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective), a précédé l’élargissement de l’OTAN. Ces faits sont rarement rappelés.

(4) Si le concept de zone « Indo-Pacifique » est utilisé dès 1924 par le géographe allemand Karl Haushofer, il ne s’est que récemment diffusé, prenant une valeur et un sens nouveaux avec la montée en puissance de la Chine populaire. En 2007, lors d’une visite en Inde, le premier ministre japonais Shinzo Abe a employé pour la première fois, devant le Parlement indien, l’expression d’Indo-Pacifique, évoquant « la Confluence des deux mers », titre d’un ouvrage écrit par un prince moghol du XVIIe siècle (le Japon et l’Inde sont aux deux extrémités de cette région Indo-Pacifique). Le concept est également d’un emploi courant en Australie (Livre Blanc sur la Défense, 2013) voire en Indonésie, deux pays situés à la croisée des océans Indien et Pacifique. Outre-Atlantique, l’expression est employée par Hillary Clinton en 2010 (« Bassin Indo-Pacifique »). Dès lors, la région Indo-Pacifique constitue le « théâtre prioritaire » des États-Unis (Stratégie de sécurité nationale, 2017). En France, la thématique de l’Indo-Pacifique prend une importance grandissante sur les plans stratégique et géopolitique (une politique de défense en Indo-Pacifique est présentée en juin 2018). En toile de fond, les ambitions de puissance de la Chine populaire qui, de stratégie du « collier de perles » en « Nouvelles routes de la Soie » (la Belt And Road Initiative), développe pouvoir et influence, et ce depuis les « méditerranées asiatiques » (mers de Chine du Sud et de l’Est) et le détroit de Malacca jusqu’au golfe Arabo-Persique, au détroit de Bab El-Mandeb ainsi qu’aux côtes orientales de l’Afrique. Bref, « l’Indo-Pacifique, c’est l’ancienne zone Asie-Pacifique, plus l’Inde qui est la puissance montante face à la Chine » (Jean-Luc Racine), et l’enjeu géopolitique est de contenir les ambitions de Pékin. Depuis 2020, l’Union européenne a également une stratégie pour l’Indo-Pacifique, point d’équilibre entre les stratégies des États membres dans la région (France, Allemagne, Pays-Bas et Italie notamment).

(5) Etablie en 1914 sur la base d’un accord entre le Royaume-Uni et le Tibet, la ligne McMahon délimite l’Agence frontalière du Nord-Est (l’actuel Arunachal Pradesh, État membre de l’Union Indienne), un poste avancé de l’Empire des Indes, dans l’Himalaya oriental. De l’autre côté de cette ligne, le Tibet jouit alors d’une indépendance de facto, renforcée dans sa légitimité par cet accord. En 1947, lorsque les Indes accèdent à l’indépendance (Union indienne et Pakistan), la ligne McMahon sépare désormais le Tibet de l’Union indienne. Après l’invasion chinoise du Tibet, en 1950, cette délimitation devient l’un des segments de la frontière entre l’Union indienne et la Chine (la Line of Actual Control s’articule sur les lignes Johnson et McCartney au nord-ouest et la ligne McMahon au nord-est). Par extension, la ligne McMahon renvoie à la problématique des frontières nord de l’Inde, aux difficiles relations sino-indiennes et à la question du Tibet.

(6) Cf. Julien Bouissou, « Face-à-face tendu entre la Chine et l’Inde au Bouthan », Le Monde, 31 juillet 2017.

(7) Cf. Sophie Landrin, « Dans l’Himalaya indien, l’implacable grignotage de l’armée chinoise », Le Monde, 9 août 2022.

(8) Un réseau de bases et de points d’appui chinois, depuis l’Asie du Sud-Est jusqu’au golfe Arabo-Persique et Djibouti. L’appellation est américaine. Lorsqu’elle apparut, il était bienvenu de pointer la paranoïa américaine. À l’épreuve des faits, ce « collier de perles » était l’un des premiers signes annonçant les « nouvelles routes de la soie ».

(9) Le Quad Indo-Pacifique est une structure de coopération qui regroupe les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde. Fondé en 2004 pour faire face aux effets du tsunami en Asie, le Quad a été formalisé en 2007, en marge d’un sommet de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est). Relancée en novembre 2020, cette structure de coopération a tenu un sommet virtuel l’année suivante, ses chefs d’État et de gouvernement publiant alors une tribune collective (12 mars 2021). Le 24 septembre suivant, Joe Biden est les États-Unis furent les hôtes d’un véritable sommet du Quad. Au-delà des exercices militaires communs auxquels la France est parfois associée, cette coopération porte également sur le changement climatique, la pandémie en cours, le numérique et la question des chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs. Ses membres s’affirment en faveur d’une «région Indo-Pacifique libre et ouverte ».

(10) Ce sont d’ailleurs les États-Unis qui, dès les années 1990, avaient repris le thème des « routes de la soie » pour désenclaver le bassin de la Caspienne et l’Asie centrale.

(11) Cf. Sylvain Kahn, « Emmanuel Macron se trompe, Européens et Américains sont bien dans le même camp face à la Chine », La Croix, 18 avril 2023.

(12) Cf. Jean-Michel Bezat, « Ventes d’armes : le complexe militaro-industriel russe ne cesse de céder du terrain aux États-Unis et à la France », Le Monde, 27 mars 2023.

(13) Sur ce point, la visite de Xi Jinping à Moscou, du 20 au 22 mars dernier, fut significative. Elle a depuis été suivie par celle du ministre chinois de la Défense, reçu par Vladimir Poutine. Si certains en France tardent à en prendre conscience, les propos de l’ambassadeur chinois à Paris, le 21 avril dernier, en direct sur LCI, devraient les en convaincre. Lu Shaye y contesta l’appartenance de la Crimée à l’Ukraine, ainsi que la validité juridique des frontières des différents États nés de la dislocation de l’URSS. La France, par l’intermédiaire du Quai d’Orsay, s’est dite « consternée ».

(14) Le Brésil et l’Afrique du Sud sont d’ores et déjà ralliés au duo sino-russe.

(15) Fondée en 1983, la SAARC regroupe les huit pays d’Asie du Sud : Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Maldives, Népal, Pakistan et Sri Lanka. La Chine populaire, le Japon, la Corée du Sud ainsi que les États-Unis et l’Union européenne y disposent d’un statut d’État observateur. Regroupant des nations du golfe du Bengale, du Sri-Lanka, du Bhoutan et du Népal, la BIMSTEC est un forum subrégional né à Bangkok, en 1997. Le Népal et le Bhoutan en sont devenus membres en 2004.