Envoi de militaires en Ukraine · Plutôt que de s’indigner des propos du président français, il importe d’envisager le pire

Jean-Sylvestre Mongrenier, directeur de recherche à l’Institut Thomas More, et Cyrille Gloaguen, ancien attaché de défense à Moscou

5 mars 2024 • Analyse •


Parce que la chute de l’Ukraine confronterait le reste de l’Europe à des menaces immédiates, la France doit assumer une politique d’« ambiguïté stratégique » sur les approches orientales de l’OTAN, affirment Jean-Sylvestre Mongrenier et Cyrille Gloaguen et  dans une tribune au Monde.


A l’issue de la conférence internationale de soutien à l’Ukraine, organisée à Paris le 26 février, le président français a dit que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « pas être exclu ». Sans surprise, l’hypothèse est repoussée par la plupart des membres de l’OTAN. Pourtant, le propos est bienvenu dans un milieu politique français en partie affecté d’une cécité munichoise, prompt à qualifier la lucidité de bellicisme. A croire que la « machtpolitik » du Kremlin serait le simple reflet de nos pensées et de nos gestes !

Affirmer pouvoir trouver une solution négociée honorable au conflit laisse pantois. Crier qu’on ne veut pas la guerre ne l’évitera pas ; Vladimir Poutine, pour des raisons qui lui appartiennent, a désigné l’Occident comme ennemi. Que certains, par idéologie ou par peur, aient mentalement fait allégeance à Moscou, la chose est sue. Qu’ils le disent et endossent les conséquences de leurs choix. L’assujettissement du bloc soviétique hier, la réalité contemporaine de la domination russe dans les régions occupées d’Ukraine, notamment à Boutcha, donne idée du sort qui attend les « pays frères ».

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