25 septembre 2018 • Dossier •
Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) a rendu ce matin un avis dans lequel il se dit favorable à « l’ouverture de l’Assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples de femmes et les femmes seules ». Alors que la mission d’information sur la révision de la loi bioéthique poursuit ses travaux d’audition à l’Assemblée nationale, c’est un avis qui va peser sur les débats parlementaires à venir.
Pouvait-on s’attendre à autre chose alors que, dès le printemps dernier, le président du CCNE minimisait les conclusions des États généraux de la bioéthique et la large participation citoyenne qui appelait à la vigilance et à la prudence en matière de filiation ? Pouvait-on s’attendre à autre chose alors que, dans son avis du 15 juin 2017 déjà, le CCNE notait avec raison des objections graves en ce qui concerne l’impossibilité d’établir une filiation cohérente et crédible pour l’enfant en cas d’ouverture de la PMA à toutes les femmes, tout en acceptant cette ouverture ?
L’autorisation par la loi de l’extension de la PMA pour toutes les femmes, quelles que soient les réalités et les circonstances de leur vie sexuelle, exprime une revendication d’adulte qui ne prend pas en compte les deux liens essentiels à la croissance de l’enfant pour devenir un adulte : le lien entre conjugalité et filiation d’une part, le lien entre enfantement (ou potentialité de l’enfantement dans les cas d’adoption) et éducation d’autre part.
Car derrière le risque de déstabilisation du droit, c’est un risque plus grand encore qui se profile, celui d’une déstabilisation anthropologique de grande ampleur. La philosophe Sylviane Agacinski l’écrivait il y a déjà plus de dix ans : « Si l’ordre humain, social et symbolique, donne aux individus une filiation double, mâle et femelle, ce n’est pas en raison des sentiments qui peuvent lier les parents entre eux, c’est en raison de la condition sexuée de l’existence humaine et de l’hétérogénéité de toute génération dont la culture a voulu garder le modèle. Il s’agit donc de savoir si l’institution de la filiation doit continuer à inscrire chacun dans l’ordre d’une humanité elle-même sexuée, ou bien si l’on veut briser ce modèle dans lequel s’articule la génération : la différence des sexes et la différence des générations ».
Voilà les enjeux posés. Sur ces questions aussi délicates qu’essentielles, l’Institut Thomas More défend, comme il l’a toujours fait, une valeur cardinale de sa Charte et de l’engagement de ses membres : le respect de la dignité de la personne humaine. Dans l’attente de prochaines initiatives fortes, vous trouverez ci-dessous quelques-unes de nos contributions passées.
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