Idées fausses, idées folles · Une analyse du projet des Verts pour 2022

Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut Thomas More

Septembre 2021 • Points clés 26 •


Le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) va choisir son candidat à l’élection présidentielle de 2022 à l’occasion de primaires qui se déroulent pendant la deuxième quinzaine du mois de septembre. L’importance des thématiques climatiques et environnementales dans le débat public, en particulier auprès de la jeunesse, et la montée en puissance du parti lors des derniers scrutins (européennes, municipales, régionales et départementales) justifient qu’on s’intéresse de près à ses propositions. C’est ce que fait l’Institut Thomas More dans cette note, sur la base de dix idées clés de son programme. Verdict : ce ne sont pas seulement quelques figures politiques qui ont basculé dans l’idéologie de la déconstruction, woke, multiculturaliste et intersectionnelle, c’est le parti dans son ensemble. EELV ne s’est en rien affranchi des excès du gauchisme de ses débuts. On peut même considérer au contraire qu’il les a durcis en les retrempant dans le bain des idées de la déconstruction.

La primaire du parti Europe Ecologie Les Verts pour l’élection présidentielle de 2022 se tiendra d’ici la fin du mois de septembre

Elle se déroulera en deux tours, du 16 au 19 septembre puis du 25 au 28 septembre. Cinq candidats se présentent : Delphine Batho, député des Deux-Sèvres, ancien ministre de l’Écologie (2012-2013) et présidente de Génération écologie ; Jean-Marc Governatori, conseiller municipal de Nice et co-président de Cap écologie ; Yannick Jadot, député européen ; Éric Piolle, maire de Grenoble ; et Sandrine Rousseau, ancienne vice-présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Plus de 120 000 personnes se sont inscrites pour participer au scrutin.

La dynamique des derniers scrutins et l’importances prises par les questions écologiques dans le débat public créent une nouvelle donne

Fort de leurs succès aux élections européennes de 2019, aux municipales de 2020 et aux régionales et aux départementales de 2021, les écologistes espèrent leur heure venue. La place qu’ont pris les thématiques climatiques et environnementales dans le débat public et l’adhésion à ces thèmes d’une partie importante de la jeunesse, constituent d’indéniables atouts. Et s’il est vrai que les résultats obtenus lors des précédents scrutins présidentiels n’ont guère été convaincants, on ne peut que constater une montée en puissance du parti et de ses thèmes ces dernières années. Cette nouvelle donne politique justifie une analyse des propositions et des positions prises par EELV.

Un parti qui a basculé dans l’idéologie de la déconstruction, woke, multiculturaliste et intersectionnelle

On connaît les positions de certains responsables politiques écologistes et de certains candidats à la primaire : le mépris pour la culture populaire de Grégory Doucet, maire de Lyon ; la tentation islamo-gauchiste de la sénatrice Esther Benbassa ou de Julien Bayou, secrétaire national du parti ; le programme fondé sur la décroissance de Delphine Batho ; ou l’« écoféminisme » clivant de Sandrine Rousseau. Mais l’analyse serrée du programme que nous avons conduite, montre que c’est l’ensemble du parti qui a basculé dans l’idéologie de la déconstruction, woke, multiculturaliste et intersectionnelle.

EELV à la pointe de toutes les nouvelles radicalités

En effet, le travail que nous avons effectué autour de dix points clés montre que les propositions du parti sont le reflet presque systématique des partis pris idéologiques propres aux « nouvelles radicalités » de l’extrême-gauche d’aujourd’hui. EELV ne s’est en rien affranchi des excès du gauchisme de ses débuts. On peut même plutôt considérer qu’il les a durcis en les retrempant dans le bain des idées de la déconstruction. Qu’on en juge :

Sur les sujets écologiques proprement dits, outre les positions maximalistes sur la fin du nucléaire (Point 1) et la promotion à tous crins de l’éolien (Point 2), le programme est dominé par les thèses antispécistes de la reconnaissance des « droits du vivant » et de la création « d’une personnalité juridique « animale » ou « non-humaine » » (Point 3). Ces propositions entraîneront des conséquences considérables sur l’agriculture, l’élevage, l’alimentation (Point 4), la chasse (Point 5) et le rapport à la nature dans son ensemble, dont les arbres et les forêts (Point 6).

Sur le plan sociétal, alors que le combat pour la PMA est gagné et que celui pour la GPA n’est sans doute plus qu’une affaire de temps, le parti s’engage à fond sur les droits des « personnes trans et intersexes », y compris les enfants (Point 7). Non seulement les droits de ces personnes seront considérablement accrus mais l’ensemble des services publics, à commencer par l’école, devront se mettre au diapason – « la formation initiale et continue sur les questions de LGBTI+ » sera rendue obligatoire pour les agents publics.

Sur l’islam, EELV, dont on sait à quel point il est travaillé par l’islamo-gauchisme, propose une vision angélique de la laïcité, qui doit favoriser « l’apaisement et le vivre ensemble », et victimaire de l’islam, puisqu’il se contente de lutter contre « les amalgames destructeurs qui stigmatisent les populations de culture musulmane » (Point 8).

Sur l’idéologie de la déconstruction, alors que les prises de positions régulières de responsables politiques écologistes montrent dans quel mépris ils tiennent la culture française, y compris dans ses aspects populaires (Point 9), le parti s’est converti à l’« écoféminisme », marqueur de Sandrine Rousseau en particulier, et entend « mettre fin à un système qui génère stéréotypes, violences et discriminations » (Point 10).

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L’auteur

Jean-Thomas Lesueur est titulaire d’un DEA d’histoire moderne (Paris IV Sorbonne). Il a débuté sa carrière comme rapporteur de groupe de travail à l’Institut Montaigne avant de participer à la création de l’Institut Thomas More en 2004. D’abord directeur des Études, il est devenu directeur général en 2007. Au sein de l’équipe de l’Institut Thomas More, il supervise le suivi de la vie politique française. Depuis quelques années, il s’intéresse en particulier aux blocages politiques et institutionnels propres au « modèle français », à la décentralisation et à la démocratie locale. Il réfléchit également aux questions politiques liées aux enjeux culturels et identitaires en France et en Europe 

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